Alors qu’à la naissance, environ deux tiers des bébés(1) nés en France sont allaités, ils ne sont déjà plus que 50% cinq semaines après la sortie de la maternité, et seulement 30% à quatre mois de vie. Or, le lait maternel est un aliment extrêmement riche et bénéfique pour le nourrisson. Dans la mesure du possible, et tout en respectant le souhait de chaque mère, l’allaitement devrait être systématiquement encouragé.
Mais que se passe-t-il lorsque des éléments extérieurs forcent la mère à arrêter de donner le sein ? Si la volonté de nourrir le bébé avec du lait maternel reste présente, la solution idéale consiste à tirer son lait pour en faire profiter son enfant. D’autres situations peuvent aussi pousser une mère qui allaite à tirer son lait. Dans ce guide sont recensées toutes les raisons de tirer son lait, ainsi que de précieux conseils sur le moment, la durée et la façon d’exprimer du lait maternel.
Alors que l’allaitement au sein constitue une façon efficace et très pratique de nourrir un bébé, certaines mamans sont contraintes/décident de tirer leur lait, souvent dans le but de le donner à leur enfant au biberon, à la seringue ou au gobelet (voire au doigt dans certaines unités de néonatalogie) comme un DAL.
Le fait de tirer son lait résulte souvent d’un compromis entre l’envie de fournir un aliment le plus qualitatif qu’il soit à son enfant (les bactéries présentes dans le lait maternel évoluent(2) en effet au fil des mois d’allaitement, ce qui permet au bébé de bien développer son système immunitaire) et une ou plusieurs autres raisons qui empêchent la mise au sein.
Pour découvrir en détail les raisons de tirer son lait afin de le donner à bébé, rendez-vous sur la page tire-allaitement. Une mère peut aussi tirer son lait sans que bébé ne le consomme spécifiquement, dans le but de :
L’expression du lait se réalise selon trois techniques : soit à la main, soit avec un tire lait manuel, soit avec un tire-lait électrique.
L’expression manuelle est idéale pour tirer de petites quantités de lait, par exemple juste avant une tétée. Elle soulage les seins engorgés et respecte la sensibilité de chaque femme. L’expression à la main du lait peut compléter un autre mode d’expression(5) du lait pour de meilleurs résultats. Il existe aussi un accessoire, le recueil lait, formulé pour récupérer du lait manuellement. Dans tous les cas, la mère doit apprendre à effectuer le bon geste afin de faire couler le lait facilement et sans douleur.
Pour une expression régulière et des volumes de lait plus importants, les tire-laits offrent une solution adaptée, d’autant plus qu’ils se déclinent en des modèles variés. Le tire-lait manuel permet à la mère de réguler l’intensité et la fréquence de la succion. Son aspect nomade séduit celles qui se déplacent beaucoup. Le tire-lait électrique, lui, est le plus autonome des modèles. Il est idéal pour les mères qui veulent garder leurs mains libres et ont besoin de tirer des quantités importantes de lait.
Attention : dans tous les cas, il est indispensable d’assurer une bonne hygiène avant de tirer du lait. Le matériel utilisé doit être propre (pas nécessairement stérile, puisque le sein ne l’est pas). La mère doit procéder à un lavage des mains efficace, mais il n’est pas nécessaire de laver ou désinfecter les mamelons plus d’une fois par jour.
Tout dépend de l’objectif poursuivi. De bonnes conditions sont toutefois nécessaires pour que la mère se sente à l’aise (assise confortable, calme, discrétion, etc). Si vous vous demandez quel est le meilleur moment pour tirer du lait.
Là encore, le temps d’expression du lait dépend du résultat souhaité :
Ces durées varient selon les femmes et leur réflexe d’éjection, mais elles restent assez stables(6) d’une tétée/séance d’expression à une autre chez la même femme. Il faut donc expérimenter et trouver le schéma qui correspond le mieux (séances plus ou moins longues, plus ou moins fréquentes, avec plus ou moins de puissance).
Une faible quantité de lait exprimé au tire-lait n’est en aucun cas un signe qu’il n’y a pas assez ou plus de lait !
Cela dépend plutôt des modèles de tire-lait et de leur mode d’utilisation.
Si le but est de désengorger les seins, l’expression du lait peut se faire 2 ou 3 fois dans la journée, afin de ne pas sur-stimuler la production.
Si le but est de recueillir du lait pour nourrir bébé, il est essentiel d’adopter une fréquence proche de 6 fois par jour. Les séances se calquent alors sur les tétées supposées du nourrisson, qui peuvent atteindre une douzaine de fois par jour dans les premiers mois, et se régulent autour de 4/5 fois par jour après 6 mois.
Si le but est de stimuler la production lactée, l’expression du lait peut être très régulière, en respectant tout de même un intervalle de 45 minutes minimum entre deux séances.
Il faut savoir qu’il n’y a pas de lien(7) entre la fréquence des tétées et la quantité de lait produit par jour par la mère lorsque le bébé est allaité à la demande. Le nourrisson bénéficiera de tout le lait dont il a besoin, peu importe le nombre de tétées prises dans la journée. De la même façon, il est possible d’obtenir la même quantité de lait sur la journée en tirant du lait 4 ou 6 fois : cela dépend de chaque mère et de la technique d’expression utilisée. Le principal reste que la fréquence de l’expression lactée convienne à la dyade mère/enfant et qu’elle permette de répondre aux attentes concernant le tirage du lait.
L’expression du lait maternel peut être améliorée grâce à ces quelques conseils.
La production et l’expression du lait maternel dépendent de deux hormones, la prolactine et l’ocytocine. Or, certaines émotions et situations vont exercer une influence directe sur la sécrétion de ces hormones. Le stress et la douleur, par exemple, ont été reconnus comme des inhibiteurs de l’ocytocine(8) : ils peuvent entraîner une baisse de la production lactée.
Voilà pourquoi il est important de se mettre dans de bonnes dispositions avant de tirer son lait. Un endroit au calme, à l’abri des regards indiscrets, et sans sollicitation permanente représente un contexte idéal pour la mère qui souhaite exprimer du lait.
Les jeunes mères qui allaitent ont déjà connu ce phénomène. Dès que bébé pleure, rit ou se trouve à proximité d’elles, elles peuvent sentir leurs seins se tendre sous l’effet d’une montée de lait. Là encore, le rôle de l’ocytocine, hormone de l’attachement, semble indubitable. Cette étude portée sur des nourrissons hospitalisés en soins intensifs démontre que plus il y a de contact avec bébé, plus la mère sécrète d’ocytocine(9). Comme cette hormone intervient directement dans la production de lait, il est intéressant d’en augmenter la quantité dans l’organisme maternel.
Pour améliorer l’expression du lait, il peut être utile de penser à son enfant, de regarder des photos ou des vidéos de son bébé, ou encore de sentir un vêtement lui appartenant afin d’augmenter la sécrétion d’ocytocine.
Cette analyse des conditions idéales d’expression du lait(10) chez des mères de bébés nés avec un très faible poids a montré que la proximité directe avec l’enfant (séance de peau à peau) avant et pendant la séance de tirage de lait avait un lien direct avec l’augmentation du volume de lait recueilli. Certaines mères pratiquent l’expression du lait avec bébé sur elles, ou en train de téter l’autre sein dans ce but.
Le fait de masser les seins(11) avant d’exprimer du lait permet d’augmenter la quantité de lait recueillie lors de l’expression du lait maternel. Il est également prouvé que le fait de réchauffer le sein(12) avant de tirer le lait, au moyen d’une compresse chaude par exemple, induit un effet similaire avec un volume de lait exprimé plus important.
En augmentant le taux de prolactine(13), la double stimulation des seins pourrait induire une meilleure production lactée. Le tire-lait double convient notamment aux mères qui ont besoin de tirer des quantités importantes de lait, car il offre un meilleur rapport quantité de lait/temps de tirage.
Il existe différents types de tire-laits, et ce n’est pas parce qu’une mère ne parvient pas à exprimer de lait avec l’un que ce sera le cas pour tous. Il faut bien considérer les atouts de chaque modèle, et investir de préférence dans un tire-lait d’une marque connue, spécialisée dans la puériculture. Les tire-laits dotés d’un système de succion imitant la succion du nourrisson(14) sont à priori les plus performants pour l’expression du lait chez les mères d’enfants prématurés qui n’allaitent pas au sein.
À savoir : certains tire-laits proposent des téterelles de différentes tailles, qui s’adaptent mieux aux seins de chaque femme. Le choix d’un accessoire de bonne taille réduit les risques de douleurs et améliore l’efficacité de l’expression du lait.
Puisque l’expression du lait nécessite de se détendre et peut durer un certain temps, la mère devrait trouver une posture confortable qui ne lui occasionne pas de douleur. Un fauteuil avec des accoudoirs favorise une installation propice à l’expression du lait maternel. Les mères peuvent aussi caler le tire-lait avec un coussin d’allaitement afin de conserver les mains libres pour lire, écrire ou pratiquer une autre activité qui les apaise.
Retrouvez ici toutes les questions fréquentes que se posent les mamans au sujet du tirage du lait maternel.
Ce n’est ni une obligation, ni une recommandation. Les bébés en bas âge tètent effectivement à fréquence régulière, mais vous pouvez obtenir davantage de lait que pour une tétée en une séance d’expression de lait. Tant que vous obtenez suffisamment de lait pour nourrir bébé, vous n’avez pas besoin de respecter des contraintes horaires aussi serrées.
L’expression du lait toutes les heures est seulement préconisée sur de courtes périodes, lorsqu’il s’agit de stimuler activement la lactation.
Le code du travail prévoit une section à destination des mères(15) qui allaitent. Celles-ci bénéficient d’une heure quotidienne pour nourrir leur enfant, soit à l’extérieur soit dans les locaux. Cette heure peut être répartie en deux périodes de 30 minutes. Il n’y a pas de texte spécifique au fait de tirer du lait, mais ces dispositions permettent donc à la femme qui travaille et souhaite tirer son lait de bénéficier de deux pauses d’une demi-heure par jour pour s’y consacrer.
Si vous avez besoin de davantage de temps ou de vous organiser autrement, vous pouvez solliciter un rendez-vous avec le service des ressources humaines ou avec votre supérieur afin d’en discuter.
Non, il n’est pas nécessaire de vous forcer à boire davantage, cela n’aura aucun impact sur la production de lait. Si vous êtes déshydratée, votre corps va puiser dans vos réserves hydriques afin de produire le lait nécessaire à votre enfant. Néanmoins, le fait de tirer régulièrement du lait peut naturellement induire une soif plus importante : gardez donc à proximité une bouteille d’eau lorsque vous vous installez pour tirer votre lait et répondez à vos besoins hydriques comme vous le faites en temps normal.
https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2020-08/er958.pdf
https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fmicb.2021.557180/full
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27575663/
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31027386/
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https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26223256/
https://publications.aap.org/pediatrics/article-abstract/117/3/e387/68590/Volume-and-Frequency-of-Breastfeedings-and-Fat?redirectedFrom=fulltext?autologincheck=redirected
https://www.cairn.info/revue-spirale-2003-3-page-45.htm
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29017336/
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24212300/
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/11517200/
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22424466/
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/9025426/
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21818062/
https://www.legifrance.gouv.fr/codes/section_lc/LEGITEXT000006072050/LEGISCTA000006189422/#LEGISCTA000006189422
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