Problème courant chez les mères qui ont accouché récemment ou qui allaitent, l’engorgement mammaire entraîne de l’inconfort,
et peut parfois dégénérer en complications s’il n’est pas bien traité.
La compréhension de la physiologie de l’allaitement et des causes qui conduisent à l’engorgement est essentielle pour prévenir
ou traiter efficacement cette situation. Les remèdes naturels et les techniques non médicamenteuses suffisent généralement à améliorer l’écoulement du lait, mais il peut être aussi utile de vérifier la succion de bébé et, le cas échéant, de corriger la posture d’allaitement pour que l’engorgement se résolve rapidement.
Phénomène courant chez les femmes qui allaitent, l’engorgement mammaire correspond à un gonflement des seins, qui se distendent sous l’effet d’une production excessive de lait maternel ou d’un écoulement de lait pas assez important. L’engorgement mammaire provoque souvent de l’inconfort, de la douleur et une sensation de pesanteur ou de tension désagréable dans les seins.
Très fréquent lors de la montée de lait qui a lieu quelques jours après la naissance, l’engorgement mammaire peut se produire à tout moment de l’allaitement, lorsque le bébé tète plus ou moins fréquemment, que ses besoins changent subitement par rapport à la production de lait, qu’il ne parvient plus à se nourrir ou que la mère éprouve des difficultés à allaiter. C’est aussi une conséquence observée dans les périodes de sevrage, lorsque l’enfant ou la mère décide d’arrêter l’allaitement. Le risque d’engorgement et d’autant plus élevé que la transition est rapide, car le corps ne parvient pas à s’adapter à la modification de la demande en lait maternel du jour au lendemain.
À savoir : les femmes qui choisissent de ne pas allaiter à la naissance peuvent aussi souffrir d’engorgement mammaire durant le post-partum. Environ un tiers d’entre elles(1) connaissent des douleurs importantes malgré l’utilisation de techniques non médicamenteuses pour diminuer l’engorgement.
L’engorgement mammaire doit être bien différencié des autres complications que sont la candidose mammaire et la mastite, deux infections liées à des agents extérieurs qui provoquent des douleurs importantes au niveau des seins et doivent être traitées le plus souvent de façon médicamenteuse. L’engorgement, lui, se résout généralement assez bien avec une prise en charge adaptée, sans induire de traitement pharmaceutique.
L’étude de la température des tissus mammaires pendant un épisode d’engorgement a démontré que les engorgements sévères, liés à des douleurs intenses, étaient en relation avec une température des seins plus élevée(2) que celle des femmes qui souffraient d’engorgement modéré. Cela explique sans doute l’intérêt des méthodes qui utilisent le froid pour apaiser l’engorgement mammaire.
Outre cette élévation de température de la poitrine qui se constate au toucher, l’engorgement se manifeste par les symptômes suivants :
– poitrine douloureuse, seins sensibles au toucher ;
– poitrine tendue et lourde, à l’apparence gonflée ;
– peau de la poitrine brillante et tendue ;
– augmentation du volume mammaire, avec par exemple une difficulté à porter un soutien-gorge habituel ;
– veines apparentes à la surface des seins ;
– écoulement régulier de lait en l’absence de stimulation ou lors de la compression du mamelon ;
– difficulté pour le bébé à téter, alors qu’il prenait bien le sein auparavant ;
– zones dures, nodules dans le sein ;
– rougeur localisée au niveau de la poitrine ;
– élévation légère de la température corporelle générale ;
– présence de zones dures sous les aisselles, dues à l’engorgement des ganglions lymphatiques axillaires ;
– fatigue, inconfort général.
Les causes et facteurs de risques de l’engorgement mammaire concernent, de près ou de loin, l’allaitement et la production de lait maternel après la naissance d’un bébé.
Les mères ayant déjà allaité un premier bébé par le passé sont plus à risque de développer un engorgement mammaire sévère et précoce(3) que les mères qui allaitent pour la première fois, et ce peu importe si l’accouchement s’est déroulé par voie basse ou par césarienne.
Il est assez courant chez les femmes qui connaissent une montée de lait de présenter un engorgement pendant la phase la plus aiguë. Cette situation est généralement de courte durée, et se résout après 2 ou 3 jours, quand l’organisme s’adapte aux besoins nutritifs du bébé.
Puisque l’engorgement mammaire survient lorsque le sein ne se vide pas suffisamment, et que la production de lait maternel est trop importante par rapport à la demande, toute situation qui implique une irrégularité dans l’allaitement est susceptible d’entraîner un engorgement. L’allaitement partiel, la difficulté à allaiter, le suivi d’un programme d’allaitement plutôt que l’allaitement à la demande, les problèmes de succion ou d’éveil de bébé sont autant de causes responsables d’un engorgement mammaire.
En cas d’hospitalisation de la mère ou du bébé, de séparation subite ou de sevrage de l’allaitement trop abrupt, le changement dans les habitudes de tétée va également induire un potentiel engorgement, le temps que le corps s’adapte.
Les femmes qui ont eu recours à une chirurgie telle qu’une augmentation mammaire ou une intervention au niveau de la poitrine sont plus à risque de connaître un engorgement mammaire(4) après l’accouchement. Il est alors important que les futures mères soient averties de ce risque, et qu’elles disposent des techniques et connaissances nécessaires pour prévenir ou soulager l’engorgement.
Si bébé est mal positionné pendant l’allaitement, il peut avoir du mal à se nourrir et à vider complètement le sein. C’est une situation qui entraîne un engorgement, car le sein produit plus de lait maternel que ce que l’enfant parvient à téter.
Parfois, les difficultés du bébé à téter sont dues à d’autres paramètres comme la présence d’un frein de langue, la prématurité ou l’hypotonie.
Certaines mères produisent beaucoup de lait, soit de façon naturelle, soit parce qu’elles stimulent la lactation au moyen d’un tire-lait ou de l’expression manuelle. Dans ce cas, si les seins ne sont pas vidés régulièrement, il y a un risque d’engorgement mammaire.
La mastite, inflammation des canaux lactifères additionnée d’une infection par une bactérie, occasionne des difficultés d’allaitement qui peuvent provoquer un engorgement. En effet, si la douleur de la mère ou le gonflement du sein empêche bébé de bien téter, les canaux se retrouvent obstrués et le lait s’accumule de façon importante dans la poitrine.
Il est aussi possible que d’autres désagréments comme les crevasses ou la candidose soient responsables d’un engorgement, là encore à cause des difficultés que cela induit pour l’allaitement.
Si le soutien-gorge ou le haut porté par la mère exerce une pression trop importante sur la poitrine, les conduits se bouchent et les seins se retrouvent engorgés du fait d’un moindre écoulement du lait maternel.
En-dehors de l’allaitement, une femme peut connaitre un engorgement pendant sa grossesse ou lors de la puberté, à cause des bouleversements hormonaux qui modifient la structure de la poitrine. Cet engorgement est généralement temporaire.
Pour fluidifier le lait qui obstrue les canaux et aider le sein à se vider, il existe différentes techniques. La tétée très régulière par l’enfant reste une solution efficace pour diminuer l’engorgement, mais elle n’est pas toujours possible ou suffisante. En complément de la mise au sein 8 à 12 fois par 24 heures, d’autres méthodes peuvent être mises en place.
Un certain nombre de traitements naturels(5) semblent efficaces pour soulager l’engorgement mammaire, bien que les preuves scientifiques restent relativement minces à ce sujet. Parmi les solutions préférées des femmes qui souffrent d’engorgement, il faut noter :
– l’application de feuilles de chou sur la poitrine ;
– l’application de coussinets froids ou de poches de glace sur les seins ;
– les compresses à base d’herbes médicinales ;
– les massages.
Les traitements naturels comme les feuilles de chou ou les compresses froides sont plus efficaces lorsqu’ils sont utilisés avant l’engorgement(6), dans une optique de prévention (par exemple chez les femmes ayant subi des césariennes comme dans l’étude précitée).
Une seule séance de massage thérapeutique permet de réduire la douleur et l’engorgement(7) dans l’immédiat. En apprenant les gestes utiles pour soulager leur poitrine, les mères allaitantes sont également mieux armées en cas de nouvel épisode d’engorgement.
Contre-indiquée en cas de port d’implants mammaires, d’infection du sein ou de canal lactifère bouché, l’assouplissement par contre-pression(8) vise trois objectifs :
– évacuer le liquide interstitiel en excès vers le système lymphatique ;
– déplacer le lait dans les canaux lactifères pour améliorer la mise au sein et assouplir l’aréole ;
– stimuler l’éjection du lait plus rapidement.
Une conseillère en lactation ou un spécialiste de l’allaitement peut proposer cette technique aux mères qui souffrent d’engorgement, soit en la réalisant elle-même, soit en expliquant aux mères comment procéder.
D’après cette étude(9), le Gua Sha permettrait d’obtenir des résultats équivalents à ceux obtenus par les massages classiques sur l’engorgement des mères. Semblable à l’acupuncture, le Gua Sha stimule certains points de la circulation sanguine à l’aide d’un objet en forme de corne, qui appuie sur les zones liées aux blocages. Cette technique traditionnelle chinoise peut être associée à d’autres traitements pour une efficacité maximale.
Ce type de massage(10) a été reconnu comme efficace sur la réduction des douleurs mammaires. Il contribue aussi à améliorer la vitesse de succion des nourrissons en assouplissant l’aréole.
Les mères qui souffrent beaucoup de l’engorgement peuvent prendre un antidouleur tel que du paracétamol, à condition de bien respecter les doses et de suivre les recommandations du médecin ou du pharmacien.
Le mieux, en cas d’engorgement, est de faire téter bébé fréquemment. Mais si cela n’est pas possible, lors d’une séparation, d’un sevrage ou d’un problème de succion, le fait de tirer du lait maternel à la main ou au tire-lait contribue à vider les seins.
Si le but est de réduire la production de lait, il faut veiller à tirer seulement de petites quantités de lait, car la stimulation de l’éjection engendre une hausse de la production.
Si au contraire, le but est de maintenir la production de lait, il est conseillé de tirer le lait à la même fréquence que bébé tète normalement (pour remplacer une tétée infructueuse par exemple).
La solution la plus efficace pour soigner un engorgement reste l’allaitement à la demande, lorsqu’il est possible.
En amont d’un deuxième allaitement ou après un épisode d’engorgement mammaire, voici quelques précautions qui peuvent servir à éviter un nouvel engorgement.
L’efficacité de l’éducation des mères(11) qui allaitent aux problématiques de l’allaitement par le biais d’un programme montre que les connaissances sur le sujet aident à réduire les engorgements mammaires et permettent à celles qui le souhaitent d’allaiter plus longtemps.
L’expression du colostrum a également été identifiée comme un facteur permettant de réduire le risque d’engorgement(12) sévère au moment de la montée de lait, qui annonce la production de lait de transition.
D’après cette étude(13), les massages constituent une façon efficace de préparer la poitrine à l’allaitement. Les mères qui ont massé l’un de leurs seins avant d’allaiter ont ensuite observé moins d’engorgement et davantage de souplesse que du côté qui n’avait pas été massé. L’apprentissage du massage thérapeutique peut se faire avec une conseillère en lactation, une sage-femme ou un autre professionnel formé.
Lorsqu’il est réalisé de façon exclusive, l’allaitement doit être mené à la demande de façon à répondre parfaitement aux besoins du nourrisson. Cela signifie que le sein est donné dès que bébé montre des signes de faim (mouvements de succion, agitation, pleurs, tête tournée pour chercher le sein, etc.). Certaines mères hésitent à donner deux tétées à des intervalles rapprochés, à cause de remarques ou de pensées héritées des générations précédentes.
Pourtant, allaiter son bébé toutes les heures après la naissance et même plus tard est la meilleure façon de lui apporter tous les nutriments dont il a besoin, mais aussi la sécurité affective et le réconfort qui l’aideront à devenir autonome par la suite.
L’allaitement à la demande permet d’ajuster spécifiquement la production de lait maternel aux besoins de l’enfant, jour par jour. De cette façon, il réduit les risques d’engorgement.
Retrouvez ici toutes les questions fréquentes que se posent les mamans au sujet de l’engorgement mammaire.
Il est rarement nécessaire de suspendre l’allaitement lors d’un engorgement. Au contraire, l’allaitement va aider à faire circuler le lait et à réduire l’inconfort. Si vous voulez continuer à donner le sein à votre enfant, allaitez autant que vous le voulez, cela permettra de vider les seins et de diminuer l’œdème.
Si le sein est trop rigide et que bébé ne parvient pas à téter, vous pouvez commencer par exprimer du lait maternel à la main ou au tire-lait, afin d’assouplir votre poitrine.
L’engorgement est une accumulation de lait maternel dans les canaux lactifères, qui entraîne un gonflement de la poitrine du fait d’une production trop importante de lait par rapport aux besoins de l’enfant, ou d’une impossibilité pour le bébé à téter suffisamment.
La mastite est une inflammation aiguë, souvent causée par une bactérie. Elle peut s’accompagner de fièvre, de rougeurs, de fatigue et d’une douleur aiguë au sein. La mastite nécessite un traitement médical, tandis que l’engorgement est généralement passager et se résout avec de bonnes pratiques.
La cause de l’engorgement et la façon dont il est traité induisent un prolongement plus ou moins long des symptômes. Dans le cadre de la montée de lait, l’engorgement dure généralement 2 ou 3 jours. Si l’engorgement est lié à l’allaitement et à une mauvaise posture, il sera résolu lorsque ces problématiques seront corrigées.
Un engorgement lié à un sevrage peut prendre de quelques jours à quelques semaines pour se résorber. Enfin, en cas d’infection, la fin de l’engorgement dépend souvent de l’efficacité du traitement. Selon l’évolution de l’infection, la situation peut mettre quelques jours ou quelques semaines à se résoudre.
Certaines mesures permettent tout au moins de limiter le risque d’engorgement pendant l’allaitement. Il est par exemple recommandé d’allaiter à la demande, aussi régulièrement et tôt que possible après la naissance. Pour vider correctement chaque sein, laisser bébé téter d’un côté aussi longtemps qu’il le souhaite avant de lui proposer l’autre côté.
Vous pouvez varier les positions d’allaitement afin de stimuler l’éjection du sein dans différentes zones de la poitrine. Évitez aussi le biberon et la tétine, susceptibles de perturber l’allaitement. Choisissez des vêtements confortables et videz vos seins à la main lorsqu’ils sont trop tendus, pour que bébé puisse téter plus facilement.
(1)Treatment for lactation suppression: little progress in one hundred years : A M Spitz, N C Lee, H B Peterson, 1998. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/9855585/
(2)Assessment of techniques of massage and pumping in the treatment of breast engorgement by thermography : Anita Batista dos Santos Heberle, Marcos Antônio Muniz de Moura, Mauren Abreu de Souza and Percy Nohama, 2014. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4292597/
(3)The occurrence of breast engorgement : P D Hill, S S Humenick, 1994.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/7619260/
(4)ABM Clinical Protocol #20: Engorgement : Pamela Berens, Wendy Brodribb, and the Academy of Breastfeeding Medicine, 2016. https://abm.memberclicks.net/assets/DOCUMENTS/PROTOCOLS/20-engorgement-protocol-english.pdf
(5)Treatments for breast engorgement during lactation : Irena Zakarija-Grkovic, Fiona Stewart, 2020.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32944940/
(6)Cabbage compression early breast care on breast engorgement in primiparous women after cesarean birth: a controlled clinical trial : A-Reum Lim, Ji-Ah Song, Myung-Haeng Hur, Mi-Kyoung Lee and Myeong Soo Lee, 2015.
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4723919/
(7)Therapeutic Breast Massage in Lactation for the Management of Engorgement, Plugged Ducts, and Mastitis : Ann M Witt, Maya Bolman, Sheila Kredit, Anne Vanic, 2016.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/26644422/
(8)Reverse pressure softening: a simple tool to prepare areola for easier latching during engorgement : K Jean Cotterman, 2004. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/15117523/
(9)Effects of Gua-Sha therapy on breast engorgement: a randomized controlled trial : Jin-Yu Chiu, Meei-Ling Gau, Shu-Yu Kuo, Yung-Hsien Chang, Su-Chen Kuo, Hui-Chuan Tu, 2010.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/20220605/
(10)Effects of Oketani Breast Massage on Breast Pain, the Breast Milk pH of Mothers, and the Sucking Speed of Neonates : Jeongsug Cho, Hye Young Ahn, Sukhee Ahn, Myeong Soo Lee, Myung-Haeng Hur, 2012.
https://www.researchgate.net/publication/262911856_Effects_of_Oketani_Breast_Massage_on_Breast_Pain_the_Breast_Milk_pH_of_Mothers_and
_the_Sucking_Speed_of_Neonates
(11)Development and evaluation of breastfeeding promotion program for mothers with breast engorgement following cesarean birth : Jeongsug Cho, Sukhee Ahn, 2014.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24859122/
(12)Pathological postpartum breast engorgement: prediction, prevention, and resolution : Nikolay P Alekseev, Ilyin I Vladimir, Talalaeva E Nadezhda, 2015.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/25774443/
(13)Prevention of nipple tenderness and breast engorgement in the postpartal period : G B Storr, 1988.
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/3392623/
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